Le soir de Noël

 

 

 

Il dort, il dort ; il est là comme un petit prince. Cher ange, je t’en prie, ne t’éveille pas. Dieu, prends soin de mon enfant dans son sommeil.

 

Ne t’éveille pas, ne t’éveille pas ! Ta mère s’en va tout doucement, ta mère s’en va avec amour chercher un petit arbre dans la chambre.

 

Qu’y a-t-il aux branches de cet arbre ? Un beau gâteau, une chèvre, un petit bœuf, des fleurs roses, et jaunes, et blanches ; tout cela en sucre fin.

 

C’est assez, tendresse de mère ! trop de douceur peut faire mal. Donne avec mesure, comme le bon Dieu : il n’accorde pas tous les jours du pain sucré.

 

À présent, voici des pommes d’hiver, les plus belles qu’on puisse voir. On ne les trouve qu’auprès de la Moselle, et il n’en est point de meilleures.

 

En vérité, c’est charmant de voir les riantes couleurs de ces pommes. Que le gâteau de sucre soit comme il pourra ! c’est le bon Dieu qui a fait ceci.

 

Qu’y a-t-il encore sur cet arbre ? Un beau mouchoir rouge et blanc. Ô mon enfant! que Dieu te garde, que Dieu te garde des larmes amères.

 

Et qu’y a-t-il encore ? Un joli petit livre, enfant, un livre avec des images de saints et de bonnes prières.

 

À présent, va, réjouis-toi ; il ne manque plus rien de bon. Que vois-je ? une verge ! La voilà.

 

Elle ne te fait pas plaisir. Mais une mère a le cœur tendre ; elle enveloppe cette verge de soie et de rubans.

 

Tout est disposé avec soin. Le petit arbre est beau comme un arbre de mai, et le Noël des enfants dure jusqu’au jour.

 

Mais voilà que le garde de nuit annonce la onzième heure. Comme le temps passe !

 

Que le Seigneur te garde et te donne une autre fête ! Le Christ aime et protège les petits enfants. Tâche d’être sage comme lui.

 

 

 

Johann Peter HEBEL.

 

 

 

 

 

 

 

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