Le premier Noël

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

MADELEINE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À la petite Jeanne.

 

 

Jeanne s’est couchée, ce soir, toute rieuse, il y avait de l’extase dans ses yeux bleus, une note de mystère tendre errait dans la prunelle joyeuse ; et sa mère dut retenir longtemps, de ses lèvres, la paupière rebelle. Les petites mains jointes comme pour la prière, elle s’endormit enfin, et dans le sommeil, la jolie bébé aperçoit des féeries éblouissantes. Promenée dans le rêve, elle découvre, la petite Jeanne, des merveilles inconnues, à travers l’émerveillement des magasins célestes.

Oh ! que de belles choses !

Elle frappe ses petites mains l’une contre l’autre, frotte ses yeux éblouis, s’approche de toutes ces richesses, regarde les beaux anges lui sourire, et, se frôlant contre leurs ailes caressantes, Jeanne, de ses jolis yeux, implore la permission de toucher.

Car que serait son bonheur à la chère petite, si on lui refusait la grâce de poser ses mains mignonnes sur toutes ces splendeurs ?

Elle prend en ses bras les belles poupées, caresse leur fine chevelure, baise leurs joues roses, palpe leurs beaux vêtements, les place dans le superbe berceau, puis elle fredonne les refrains que la maman module pour le dodo de la chérie. Elle fait connaissance avec les bergers, les bergères, se promène dans les mignons équipages, reçoit les hommages des cours, assiste à une revue militaire... et finalement, Jeanne oublie tout, conquise par un charme nouveau. Oh ! ce qu’elle vient de voir surpasse en beauté tout le reste... elle est fascinée ! Rien ne la tente plus... que cela... Mystère !

Mystère heureux, car le papa et la maman viennent de placer dans le bas le cadeau désiré, et la jolie Jeannette rêve à la joie du réveil.

Sur les lèvres du bébé endormi, rayonne le sourire des caresses... Elle est pure, idéale, douce dans son petit lit blanc, la Jeanne aimée, évoquant l’apparition d’un bel ange blond. Sur la petite figure rayonnante se recueillent mille baisers, pris aux joues tièdes, aux lèvres chéries, aux paupières closes, au tissu soyeux des cheveux ; – et le sourire de Jeanne reflète maintenant tout ce grand amour.

Il y a de l’émotion autour du petit lit de la blonde dormeuse.

C’est un premier Noël bien vécu !

 

 

 

MADELEINE, Premier péché,

recueil de nouvelles et chroniques

et d’une pièce de théâtre en 1 acte, 1902.

 

 

 

 

 

 

 

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