Trois cheveux d’or et trois petites étoiles

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

O. V. de L. MILOSZ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il était une fois un roi qui s’était mis en tête d’épouser la fille la plus belle et la plus sage de son royaume. Un jour, on lui présenta une enfant si jolie, si affable et qui avait de si beaux cheveux d’or, qu’il la regarda et la regarda et ne put en rassasier ses yeux. Il en fit bientôt sa femme, contre la volonté de la reine mère, qui était de race ogresse. La vieille en conçut un vif dépit et jura la perte de sa bru.

Quelque temps après, la reine devint grosse et accoucha d’un garçon. La méchante mère-grand feignit d’en être transportée d’aise et, sous prétexte de coucher le petit prince dans le riche berceau qu’elle lui avait préparé, l’emporta dans ses appartements, le mit dans une boîte et courut le jeter à la rivière. Quand le roi et la reine voulurent embrasser leur enfant, ils trouvèrent sous la soie et les dentelles un jeune chat encore chauve qui se prit à miauler pitoyablement. La mère s’évanouit, le père poussa les hauts cris. La vieille lui jeta un regard sévère.

« Voilà votre dauphin, Monsieur mon fils, épouseur de sorcières. »

Cette affreuse accusation devait susciter, entre les jeunes parents d’abord, chez ces messieurs du corps des maîtres peu après, des discussions sans fin qui eurent pour tout résultat de faire jaser les communs et d’endommager force bonnets pointus et perruques rondes.

Au bout d’un an, la reine mit au monde une fille belle comme le jour. L’ogresse s’en empara aussitôt, l’enferma dans un coffret et l’envoya, par les chemins liquides, rejoindre son frère. Dans le berceau, elle coucha à sa place une petite chienne qui, lorsque le roi et la reine soulevèrent l’édredon, se mit à japper de toute sa force.

L’amitié et la paix abandonnèrent le château, laissant la porte grande ouverte à la discorde et au chagrin. Comme ils l’avaient fait la première fois aux chats, messieurs les savants, après de nouvelles disputes, finirent par jeter leur langue aux chiens. Les seigneurs et les dames de la Cour prodiguaient plus que jamais leurs m’amours à la reine, mais en se signant en secret ; car elle passait aux yeux de tous pour la plus dangereuse sorcière du royaume.

Or, la nuit de la naissance du dauphin, un pêcheur avait entendu un piaulement monter de la rivière. Ramant en hâte dans la direction de la voix, il eut tôt fait de découvrir la boîte et de délivrer le petit prince. Plein de joyeuse surprise, il court le montrer à sa femme. Celle-ci, qui ne désirait rien tant qu’un héritier que le sort lui refusait avec obstination, adopte sur l’heure l’abandonné. La boîte était abondamment garnie de linge fin et dissimulait dans le fond une bourse rondelette. En examinant de près l’infortuné navigateur, les bonnes gens aperçurent, cachés derrière son oreille, trois cheveux d’or.

« Trois cheveux d’or ! s’écrie la commère.

– Trois cheveux d’or », répète le parrain en hochant gravement la tête.

Trois-Cheveux-d’Or agite les bras, rit de l’oreille à l’oreille et se rendort : il avait un père, une mère et un nom.

Une année s’est à peine écoulée depuis cette nuit mémorable, et voilà que le pêcheur retire de la rivière une autre boîte avec un nouveau-né, un petit bagage de langes et un boursicaut. L’enfant était une fille fort jolie et qui ressemblait comme une sœur à Trois-Cheveux-d’Or. Elle avait sur la tête un bonnet attaché derrière l’oreille au moyen de trois petites étoiles. Trois-Petites-Étoiles fut le nom qui lui resta.

Les années passèrent. Les enfants grandirent. Un jour, en rentrant du village, ils coururent interroger le pêcheur et sa femme.

« Dites-nous, papa, maman, est-ce vrai ce que racontent nos petits amis du hameau, que nous ne sommes pas vos enfants, et que vous nous avez pêchés dans la mer ? »

Cette question troubla fort le vieux et la vieille, car ils voulaient être aimés comme un vrai père et une vraie mère. Toutefois, leur embarras fut de courte durée, car ils estimaient que la vérité est la plus belle chose de ce monde et que, pour tout le reste, il convient aux honnêtes gens de s’en remettre à Dieu.

« Hé oui, chers enfants, – répondirent-ils d’un air qu’ils voulaient le plus indifférent de ce monde, – hé oui, c’est vrai. Mais tous les enfants ne sortent pas d’un chou, et nous en connaissons d’autres que vous qui ont été formés par l’écume. »

Il y avait, à coup sûr, dans ce raisonnement, de quoi damer le pion au plus fin des diplomates. Trois-Cheveux-d’Or n’y eût rien trouvé à redire. Mais Trois-Petites-Étoiles qui, en vraie fille d’Ève qu’elle était, avait de qui tenir, fit la moue et déclara d’une manière péremptoire :

« Si cela est ainsi, nous allons, mon frère et moi, nous mettre aujourd’hui même à la recherche de nos vrais parents. Cependant, dès que nous les aurons trouvés, nous reviendrons frapper à votre porte. Car ils ne sont certainement ni aussi bons, ni aussi sages que vous. »

Cette réplique cloua les vieux finauds, tant elle sentait leur propre terroir. Ils montrèrent aux enfants les boîtes où on les avait trouvés et leur remirent l’argent qu’elles renfermaient. Puis, étouffant leurs soupirs, ils les bénirent pour le chemin.

Après une longue marche, nos petits voyageurs arrivent à la grand’ville et leur émerveillement devant tant de choses inconnues leur fait oublier le boire et le manger. Ils attendent le couvre-feu pour aller frapper à la porte d’une hôtellerie. Là, ils sont hébergés jusqu’au matin par une bonne vieille qui, non contente de refuser l’écot, leur emplit les poches de friandises et leur fait mille caresses. Ayant fait quelques pas dans la rue, ils voient sur une charmante maisonnette donnant sur un petit jardin un écriteau qui annonce qu’elle est à vendre. Ils la visitent et, la trouvant fort à leur goût, en font acquisition le jour même. Grâce à leurs soins, la modeste habitation devient bientôt un petit paradis et le sujet de toutes les conversations de la ville. Sa renommée parvient un beau matin aux oreilles du roi et de la reine.

« Je brûle de voir la maisonnette de Trois-Petites-Étoiles », dit le roi.

« Je n’aurai point de cesse que je n’aie cueilli une fleurette au jardin de Trois-Cheveux-d’Or », dit la reine.

Une vieille ogresse qui était la mère du roi et qui assistait à cet entretien – mais à quoi bon tout ce mystère ? Vous avez déjà deviné, je gage, qu’il s’agissait des parents de nos petits amis – la vieille ogresse mère du roi, dis-je, dresse l’oreille... Trois-Petites-Étoiles, Trois-Cheveux-d’Or... N’a-t-elle pas, de ses propres mains, attaché les astéroïdes derrière l’oreille de la princesse ? et ses yeux, armés de puissantes besicles, n’ont-ils pas été les premiers à admirer les beaux fils d’or dans la chevelure du prince ? Retroussant ses jupes, elle trotte comme furet, elle vole comme pie-grièche chez les petits enfants abhorrés qui, sans deviner dans la visiteuse leur propre mère-grand, la reçoivent avec les honneurs dus à son âge.

« Toutes ces chambrettes sont plus ravissantes les unes que les autres, leur dit-elle après avoir visité la maison. Mais on m’a conté monts et merveilles de votre jardin. Je serais bien aise d’y jeter un coup d’œil. Vous savez, je suis une petite curieuse, moi. »

Quand elle eut fait le tour du parterre, elle redoubla de compliments et de caresses.

« Vous êtes de vrais petits anges, et, tenez, il suffirait, pour le prouver, de ce gazouillis comme je n’en ai jamais ouï nulle part de pareil. Les petits oiseaux ont tout de suite deviné qui vous étiez. Mais laissez-moi vous parler franc. Je n’ai pas entendu une seule sonnette mêler son tintement à leur doux ramage. Ah, si vous en suspendiez une centaine à vos arbrisseaux, c’est cela qui ferait un joli carillon au moindre souffle de brise ! Allons, approchez et suivez bien mon doigt. Vous voyez cette colline à une demi-lieue de la ville ? Eh bien, c’est là que poussent par milliers les sonnettes de jardin. Vous en rapportez une seule : en l’espace d’une nuit, elle vous a fait toute une ribambelle de grelots. Mais peut-être vous ai-je chagriné. Pardonnez-le-moi, je suis une petite étourdie. »

Ayant dit ces mots, la méchante créature se retira on ne peut plus satisfaite de l’effet qu’ils avaient produit. De retour au palais, elle n’eut, naturellement, rien de plus pressé que d’aller faire au roi et à la reine un récit de sa visite bien imaginé pour leur ôter toute envie de connaître les pauvres enfants.

Après le départ de l’ogresse, Trois-Petites-Étoiles fit de son mieux pour cacher ses sentiments. Mais Trois-Cheveux-d’Or, piqué au vif dans son amour-propre, donna libre cours à sa colère.

« Ha ha, vieille chipie, maugréait-il, il te faut des tintements dans la ramure. Eh bien, tu en auras à te donner le tintouin jusqu’au dernier jour de ta vie. Je cours de ce pas à ta maudite colline. »

Le pauvret ne pensait pas si bien dire : le lieu était maudit en effet. Quiconque y demeurait plus d’une minute était changé en pierre ou en arbre.

Trois-Petites-Étoiles essaya de le calmer. Mais elle n’en put obtenir autre chose qu’une promesse de remettre au lendemain l’exécution de son projet.

Le premier rayon du jour trouva Trois-Cheveux-d’Or prêt à se mettre en route. Un secret pressentiment faisait battre son cœur un peu plus vite que de coutume. En posant le pied sur la colline, il entendit une voix qui lui sembla venir du ciel pour lui ordonner de fuir. Il ramassa une clochette et prit ses jambes à son cou.

Une heure plus tard, la sonnette se balançait fièrement au beau milieu du jardin. Et quand le matin parut dans le ciel, il fut salué par une aubade de cent grelots à laquelle vinrent mêler leurs voix tous les pinsons et toutes les fauvettes de la contrée.

Un peu avant midi, la vieille qui avait déjà eu vent de ce qui se passait, accourut tout essoufflée pour tendre un nouveau piège aux enfants.

« Eh bien, que vous en semble, criait-elle d’une voix nasillarde : n’avais-je pas raison de dire qu’un jardin sans un cent de sonnettes est chansonnette de sansonnet sans sansonnette ? Cependant, – et j’en suis, croyez-moi bien, fort fâchée et pour vous et pour moi, – il manque encore quelque chose à votre aimable asile. Vous avez là un bassin plein d’eau et de lumière où quelques dizaines de poissons d’or, ma foi, feraient merveille.

– Et où les trouver, ces poissons d’or, demanda Trois-Cheveux-du-même-métal, en fronçant les sourcils.

– Toujours sur la jolie colline, mon enfant. Au sommet de la charmante colline, mon amour » – répondit gaîment la vieille meurtrière.

Le lendemain matin, notre petit ami se remet bravement en route, un bocal sous le bras. Il s’arrête un instant au pied de l’éminence pour la mesurer du regard. L’étang est là-haut, à une heure de marche. Il se voit déjà métamorphosé en arbuste ou caillou. Il regarde et regarde encore. Mais voilà qu’une troupe d’oiseaux étincelants s’élance à sa rencontre, sans doute attirée par l’éclat du bocal... Non, ce sont des poissons volants qui, après avoir décrit cent cercles dorés autour de la tête de l’enfant, viennent gaîment s’abattre dans le vaisseau. Trois-Cheveux-d’Or remplit le vase au ruisseau qui coule à ses pieds et retourne en chantant à la maison.

La nouvelle victoire de son petit-fils irrite à l’excès la reine mère et la détermine à jouer son va-tout. La voyez-vous qui, blanche de colère contenue, minaude devant le bassin où cent petits poissons d’or rouge, jaune et vert lui font la nique en s’ébattant gaîment au soleil ?

« Convenez, mes enfants, que les conseils d’une vieille petite follette comme moi peuvent quelquefois avoir du bon. Non mais, regardez-moi ça. Sont-ils mignons et drôlets ! Ce gros-là, surtout ; ah ça, on gagerait, ma parole, qu’il en a dans l’aile : il me dévore des yeux. Hélas ! c’est certainement là ma dernière conquête. Ravissant, ravissant, parfait. Cependant... oui, oui, il vous manque encore quelque chose.

– Ah, vraiment ? soupirèrent les pauvres enfants.

– Rassurez-vous. Une toute petite chose. L’oiseau Vérité.

– Est-ce un oiseau rare, Madame ? demanda Trois-Petites-Étoiles.

– Très rare, mon enfant, extrêmement rare. Ha ha ! ils sont charmants, ces bambins. Mais avec un tout petit peu d’habileté et de courage, vous le prendrez certainement. Il habite un palais sur la hauteur que vous connaissez déjà si bien, Monsieur Trois-Cheveux-d’Or. »

Après un sommeil troublé par des visions prophétiques, notre jeune héros, que sa sœur essaie en vain de détourner de sa résolution, entreprend un troisième voyage, en se disant : mon dernier jour est sans doute arrivé. Je serais donc bien sot de ne pas satisfaire ma curiosité en musant tout à loisir sur la colline.

La visite du jardin dura plusieurs heures, mais Trois-Cheveux-d’Or ne s’en aperçut guère, car le Temps semblait avoir suspendu son cours. Passé le première étonnement de n’être encore ni caillou ni plante, il s’abandonna tout entier au charme de son aventure. Quoique les objets qui s’offraient à sa vue eussent l’attrait puissant de la nouveauté, sa surprise faisait bientôt place à un étrange sentiment de les avoir toujours connus et de les revoir après une longue absence. Il lui suffisait aussi d’un instant pour retrouver dans sa mémoire le nom des belles créatures, arbres, oiseaux et fleurs, qui l’environnaient de toutes parts et le saluaient de leurs murmures et de leurs parfums. Les sentiers eux-mêmes semblaient avoir une parole et chaque fois qu’il s’en ouvrait un devant ses pas, il voyait se lever dans son souvenir l’image attrayante du lieu où il finissait. Tous ces êtres innocents lui dévoilaient leur âme et se frayaient un passage jusqu’aux plus secrets recoins de la sienne. Il avait cependant quelque peine à se rappeler le chemin du château ; mais soudain il prit garde qu’un beau papillon devançait ses pas, suspendant son vol lorsqu’il s’arrêtait, le reprenant dès qu’il faisait mine de se mouvoir. Il se fit un jeu de le suivre, et arriva bientôt au perron du palais, où il se sépara poliment de son petit guide.

La vaste demeure offrait à sa curiosité un champ presque aussi étendu que le jardin ; de sorte que le soleil était déjà fort avancé dans sa course quand il se ressouvint du but de son voyage.

« C’est là-haut, dans le lanterneau sur le toit, se dit-il ; je n’ai qu’à prendre l’escalier tournant... J’ai hâte de le revoir après tant... tant... »

L’émotion lui coupa la voix. Voulait-il dire tant d’années... ou de siècles ?

Au moment où il aperçut Trois-Cheveux-d’Or, l’oiseau Vérité s’élança de son perchoir pour voler à sa rencontre. Mais il s’arrêta tout à coup, suspendu sur ses ailettes battantes au milieu de la chambre, son petit corps tout palpitant, sa houpette agitée comme par un sentiment de crainte.

« Tu n’as plus ta belle auréole d’or à trois rayons, dit-il ; et tu me salues en langage articulé. Aurais-tu oublié celui des oiseaux ? Comprends-tu ce que je te dis, ou faut-il que je fasse usage de ton propre parler ?

– Je te comprends, mais va un peu moins vite, je t’en prie », répondit le petit garçon.

Et comme il baissait tristement la tête, il prit garde que le plancher était tout brillant d’éclats de verre.

« Je suis bien aise de te revoir, continua l’oiseau. Mais quelle imprudence de reparaître en un lieu qui t’est à jamais défendu !

– J’ai bravé la mort pour te venir chercher dans ton petit paradis, repartit l’enfant. Il faut que tu me suives chez les hommes. »

Une indicible terreur s’empara de l’oiseau Vérité. Il vola sur une corniche du plafond. Trois-Cheveux-d’Or sauta pour s’y accrocher ; mais il prit mal son élan, tomba, et sa chute rendit un son de cristal. Il était changé en un morceau de verre !

La pauvre Trois-Petites-Étoiles attendit son frère un jour et une nuit. Ne le voyant pas venir, elle courut tout éplorée à la colline. Une bonne vieille dont elle fit rencontre lui dit ce qu’il fallait faire. Regardant droit devant elle, la petite fille traversa en courant jardin et palais, arriva au lanterneau, ramassa en un clin d’œil jusqu’au plus petit morceau de verre, fit un bond de chevrette, saisit l’oiseau Vérité et joua des jambes. Mais au pied de la colline son tablier s’ouvrit et les éclats de cristal, en sonnant sur les cailloux, reprirent leurs formes primitives : celles de Trois-Cheveux-d’Or et de tous les petits enfants qui, avant lui, étaient allés chercher, au mépris de la mort, le merveilleux oiseau Vérité.

De retour à la maison, le frère et la sœur installèrent leur petit ami dans le buisson le plus fleuri du jardin. Les clochettes aussitôt se prirent à babiller comme de petites folles. L’oiseau fit un éclat de rire et, comme il ne savait pas mentir, il dit simplement : « Ma foi, on n’est pas trop mal, ici. »

Le dernier exploit de Trois-Cheveux-d’Or fit encore plus de bruit que les précédents. Les gens de la campagne accueillirent la nouvelle avec une joie sincère mais pleine de dignité. Ceux de la ville y trouvèrent une occasion d’exercer leur sotte gouaillerie ordinaire, et plus tard, lorsque la chose parut assurée, de manifester bruyamment un ébahissement tout aussi ingénu. En très peu de temps, la Vérité devint si bien affaire de mode que – et c’est bien là le plus surprenant de l’historiette – le roi et la reine finirent par s’en apercevoir. Ils se firent conduire chez les enfants et, avant même de visiter la maison et le jardin, les prièrent de leur montrer le petit phénix. Dès que celui-ci parut, ils l’interrogèrent sur les destinées du dauphin et de sa sœur. Après avoir écouté, non sans force soupirs et larmes, la relation circonstanciée qu’il leur en fit, ils se regardèrent quelque temps en silence, puis, osant enfin croire à leur bonheur, ils se jetèrent, fous de joie, sur les enfants et sur l’oiseau pour les couvrir de baisers et de caresses. L’heureuse nouvelle se répandit en ville avec la rapidité d’une traînée de poudre et gagna bientôt la campagne, faisant partout éclater allégresse et actions de grâces. La famille royale fut portée en triomphe au palais. En y arrivant, on chercha partout l’Ogresse pour lui faire un mauvais parti. Mais elle avait jugé prudent de disparaître pour toujours. Au banquet que le roi et la reine donnèrent quelques jours plus tard, on vit se prélasser aux places d’honneur le vieux pêcheur et sa femme. Mais c’est là tout ce que je sais du festin, car, pour dire le vrai, je n’y ai point assisté.

 

 

 

Oscar Venceslas de Lubicz MILOSZ,

Contes lithuaniens de ma Mère l’Oye,

Éditions André Silvaire, 1963.

 

 

 

 

 

 

 

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