Le sang du Christ

 

 

Les uns sur le gibet clouaient ses chairs meurtries,

D’autres frappaient son front en butte aux railleries,

D’autres enfin crachaient sur le Crucifié.

Marie, agenouillée, en pleurs parmi la foule,

S’écria : « Mon enfant, c’est tout ton sang qui coule. »

Mais Jésus répondit : « Femme, c’est la pitié. »

 

On hissa lourdement la croix déjà sanglante,

Et l’agonie alors commença, morne et lente...

Tout respirait l’horreur d’un suprême abandon.

Marie, agenouillée, en pleurs parmi la foule,

S’écria de nouveau : « C’est tout ton sang qui coule ».

Mais Jésus répondit : « Femme, c’est le pardon. »

 

Un soldat lui perça le cœur d’un coup de lance :

Il se fit sur la terre un moment de silence,

Le Christ allait mourir. C’était la fin du jour.

Pour la troisième fois, sous les pieds de la foule,

La Vierge sanglota : « C’est tout ton sang qui coule »...

Mais Jésus dit tout bas : « Ma mère, c’est l’amour. »

 

 

 

Émile VEYRIN.

 

Recueilli dans Répertoire poétique,

poésies et monologues recueillis

par Camélienne Séguin,

Montréal, 1937.

 

 

 

 

 

 

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