Le silence de saint Joseph

 

 

Les cieux ont fait entendre une douce harmonie

Quand l’étoile a brillé sur la grotte bénie ;

Les anges en chantant sur la crèche ont veillé,

Les pâtres à l’Enfant ont offert leur cantique,

Et les rois à leur tour leur hymne magnifique ;

              Mais saint Joseph n’a point parlé.

 

Pour adorer le Dieu qu’à la fin il contemple,

Siméon a franchi les longs degrés du Temple ;

En le portant, les bras du vieillard ont tremblé,

Ses lèvres ont chanté les divines merveilles,

Et les échos ont dit des choses sans pareilles ;

              Mais saint Joseph n’a point parlé.

 

En tressaillant, la nuit a prêté sa grande ombre ;

Le désert a chanté sans sa retraite sombre,

Le Nil en bondissant plus joyeux a coulé ;

L’Enfant a sur sa route éveillé les oracles,

Memphis a retenti du bruit de vingt miracles ;

              Mais saint Joseph n’a point parlé.

 

Tes murs ont entendu de sublimes louanges,

Maison de Nazareth, et des millions d’anges

Sont descendus vers toi du ciel émerveillé ;

Des cantiques sans fin ont monté dans l’espace ;

Mais devant les splendeurs de la divine Face,

              Non, saint Joseph n’a point parlé.

 

Enfin l’heure a sonné, l’heure du sacrifice,

Et l’Ange de la mort, de son regard propice,

A désigné le ciel au vieillard consolé.

La Vierge immaculée, en cet instant suprême,

A fait ses doux adieux avec Jésus lui-même ;

              Mais saint Joseph n’a point parlé.

 

Aujourd’hui, tout couvert d’une immortelle gloire,

Ses lèvres ont chanté le beau chant de victoire,

Et par lui de bienfaits l’univers est comblé,

Car, s’il a su garder un silence sublime,

À Dieu, pour ce bas monde, en son cœur magnanime,

              Saint Joseph a toujours parlé.

 

 

 

Paru dans Le Propagateur de la dévotion à saint Joseph en novembre 1877.

 

 

 

 

 

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