Le port

 

 

Timide passager, sur l’Océan humain

Je commence, inquiet, ma course vagabonde :

Déjà sombre est le ciel, déjà l’orage gronde,

Et, tremblant, je me dis : « Que sera-ce demain ? »

 

Le vent des passions creuse sur mon chemin

Des abîmes affreux où gît le vice immonde ;

Ailleurs l’ardent plaisir, belle sirène blonde,

M’appelle et me sourit en me tendant la main...

 

Indifférent je passe, et je lutte sans trêve,

Désirant ici-bas que ma course soit brève,

Résigné cependant à mon pénible sort.

 

Et je pense toujours à l’heure tant rêvée

Où je verrai ma lutte en ce monde achevée,

Où j’irai m’abriter dans le céleste Port !...

 

 

 

Aug.-Joseph ARMANDIN.

 

Recueilli dans Poésies de l’Académie

des muses santones, 11e volume, 1888.

 

 

 

 

 

 

 

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