Crépuscule

 

 

                                                                                                      À A. V.

 

 

Quand le labeur du jour a pris fin au terroir,

Quand rien ne bouge plus dans la plaine assoupie

Et qu’au loin le moulin, dont la voile enfle et plie,

Se perd à l’horizon dans les brumes du soir,

 

En la chapelle hospitalière vont s’asseoir

Les vierges, implorant la madone Marie,

Et, dans un doux concert où leur âme s’allie,

Monte vers Dieu comme un effluve d’encensoir.

 

Leurs yeux ont des clartés d’aube pâle et mourante.

Il s’y reflète, ainsi qu’au fond d’une eau courante,

La divine splendeur d’un ciel d’azur et d’or.

 

Mais, voici que soudain tinte dans le silence

Le son clair du bourdon, qui là-haut recommence

Son appel morne et lent. Tel le glas de la mort.

 

 

20 septembre 1894.

 

 

Auguste ARNAUTS.

 

Paru dans Durendal en 1894.

 

 

 

 

 

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