Fumée d’ajonc

 

 

À l’heure où, las de sa journée,

Le soleil descend dans la mer,

De chaque pauvre cheminée

Un filet blanc monte dans l’air :

C’est l’heure où chaque ménagère

Prend la marmite ou le crêpier,

Glisse avec la fourche légère

L’ajonc sec sous le noir trépieds.

 

Et l’ajonc fume, fume, fume...

Et dégage un parfum exquis,

Une douce odeur qui parfume,

Au même instant, tout le pays...

Et cela monte, droit et ferme,

Comme l’encens d’un encensoir

Qui monterait, de chaque ferme,

Vers le cœur de Dieu, chaque soir !

 

... Ainsi dans mon âme rustique,

Ô Nuit ! à l’heure où tu descends,

Il s’allume un foyer mystique

D’où s’élève un mystique encens :

Vers le Cœur de ma bien-aimée

Monte, mon Rêve, monte donc,

Monte droit... comme la fumée

              D’ajonc !

 

 

 

Théodore BOTREL, Contes du lit-clos, 1900.

 

 

 

 

 

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