À l’océan

 

 

Ô superbe Océan ! sur tes bords, avec rage,

D’un travail colossal qui jamais ne finit,

Creusant, creusant toujours, sans lasser ton courage,

Tu réduis en galets des géants de granit.

 

Mais quoi, dans ta fureur – inconscient ouvrage –

En brisant ces vaisseaux qu’autrefois on bénit,

Crois-tu défier Dieu ? Dans l’horreur du naufrage,

L’esprit de nos marins au Créateur s’unit !

 

Quand je vois déferler ton flot plein d’amertume.

Sur la barque fragile et la couvrir d’écume,

L’enveloppant ainsi d’un funèbre rideau ;

 

Je ris de ta colère, Océan redoutable ;

Va ! l’âme est immortelle en son Dieu charitable ;

Et toi, dans l’infini, n’es qu’une goutte d’eau.

 

 

 

Adolphe GOUY.

 

Paru dans Poésie, 11e volume

de l’Académie des muses santones, 1888.

 

 

 

 

 

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