Qu’importe !

 

 

Vous qui paisiblement reposez sous la pierre,

Vous ne connaissez plus les luttes d’ici-bas ;

Vous ne savez plus rien des choses de la terre,

Ses peines, ses tourments ne vous agitent pas.

 

Et moi, je dois aussi clore un jour ma paupière,

Un jour du long sommeil comme vous m’endormir.

Que sont les courts ennuis d’une vie éphémère ?

Ils doivent à cette heure et pour jamais finir.

 

Alors qu’importeront la louange et le blâme

Des fragiles humains, passagers comme moi ?

Pourvu que mon Sauveur pour sienne me réclame,

Pourvu que son amour seul ait été ma loi ;

 

Pourvu qu’à tes appels attentive et docile,

À toi seul je demande, ô Père, mon chemin,

Que je suive la voie ou pénible ou facile

Que m’indique ta main ;

 

Pourvu qu’à te servir consacrant tout mon être,

J’accomplisse ma tâche avec fidélité,

Pourvu que ton regard qui toujours me pénètre

Ne voie en moi qu’amour, justice, vérité.

 

Qu’importe qu’en ma vie, aimée ou méconnue,

Je moissonne ici-bas l’honneur ou le dédain,

La joie ou la douleur, pourvu qu’à sa venue

Mon Sauveur me connaisse et me prenne en son sein.

 

 

Elvina HUGUENIN.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1897.

 

 

 

 

 

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