La cloche du soir

 

 

Cloches de l’Angelus ! Douces cloches du soir !

Depuis que j’ai quitté le foyer de mon père

Où je vivais aimé, jeune et rempli d’espoir,

Que de fois vous avez sonné pour la prière,

Et que ce temps est loin où, des pleurs dans les yeux,

Pour la dernière fois je vous fis mes adieux.

 

Aujourd’hui je suis vieux. Le printemps de ma vie,

Après m’avoir trompé, déjà ne sourit plus.

Et combien sont partis, combien sont disparus,

Que je voyais heureux et tout fiers de la vie ?

Ils dorment à présent du sommeil éternel

Et des cloches du soir n’entendent plus l’appel.

 

Bientôt mon tour viendra de reposer sous terre ;

Le vent de la vallée, en passant sur ma pierre,

Au loin emportera les sons de l’Angelus,

La voix qui, chaque soir, nous appelle au devoir...

Mais, insensible et froid, je ne répondrai plus

Aux accents répétés de la cloche du soir.

 

 

 

Ivan KOZLOV.

 

Paru dans la Revue des études franco-russes en 1906.

 

 

 

 

 

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