Élégie

 

 

À Marie-Rose Bénabent

 

 

– Pauvre mère, ta fille est morte !

Morte au moment où le bonheur,

Commençant à franchir ta porte,

D’amour allait remplir ton cœur.

 

À tes larmes impitoyable,

Au lieu d’un blanc petit berceau,

Près de toi la parque implacable

N’a déposé qu’un noir tombeau.

 

Laquelle eût été plus joyeuse

De son doux titre de maman ?

Laquelle eût été plus heureuse

De pouvoir aimer son enfant ?

 

Elle n’est plus !... Elle est partie !...

Où ?... Pour des pays inconnus ?...

Sous terre ils l’ont ensevelie !

Et toi, tu ne la verras plus !

 

Tu ne verras plus son sourire ;

Plus de doux babil triomphant

Pour t’égayer et pour te dire

Tout ce que sait dire un enfant.

 

Tu n’auras plus son doux visage

Pour t’égayer dans la maison ;

Tu n’auras plus son caquetage

Pour accompagner ta chanson.

 

Hélas ! c’est fini, pauvre mère !

Elle est bien morte, pour jamais !

De ce bonheur tout éphémère

Il ne te reste qu’un cyprès !

 

Pleure, pleure ! pauvre Marie !

Pleure, mais conserve l’espoir...

Peut-être, ta fille chérie,

Un jour pourras-tu la revoir !

 

Du haut de la cité céleste

Où l’ont mise les chérubins,

Pour toi, pour son père, elle reste

En prière, soirs et matins.

 

 

 

Martial LAFFORGUE.

 

Recueilli dans Poésies de l’Académie

des muses santones, 11e volume, 1888.

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net