Une jeune fille
à son petit oiseau
Bijou vivant, petit trésor,
Tes plumes sont comme une gaze,
Où brillent, dans l’argent ou l’or,
Et l’émeraude et la topaze.
Je t’appelle, tu viens à moi
Becqueter ma lèvre et mes joues ;
Mon bel ami, mon petit roi,
Avec moi tu causes, tu joues.
Sur mon doigt, d’un air si gentil,
Posé comme sur une branche,
Petit friand, dans ma main blanche,
Tu croques le sucre et le mil.
Dès le matin ta voix chérie,
Ton premier chant me dit bonjour,
Et m’avertit avec amour
De l’heure où Dieu veut que l’on prie.
C’est l’Angelus harmonieux
Qui m’éveille pour la prière.
Ton chant semble un Ave pieux,
Une oraison familière.
Je prie avec toi, je bénis
La Providence maternelle
Qui daigne abriter sous son aile
Les petits oiseaux dans leurs nids ;
Qui veille sur nous, qui nous aime,
Qui fait naître et mûrir le grain,
Nourrit les oiseaux dans sa main
Comme je te nourris moi-même ;
Et qui sans doute a consolé,
Dans son deuil et sa peine amère,
Pauvre orphelin, ta pauvre mère
Quand sous son aile on t’eut volé.
J.-B. LECLÈRE D’AUBIGNY.
Paru dans Le Compilateur en 1844.