Une sœur

 

 

J’ai bien pleuré sur celle terre,

Et pourtant je suis jeune encor.

Au souffle d’un vent délétère

J’ai vu tomber mes rêves d’or.

 

Lutteur fatigué, dans l’arène

Souvent j’ai désiré mourir.

Si forte que soit l’âme humaine,

Elle se lasse de souffrir.

 

Mais un jour une voix amie,

Douce comme un rayon de miel,

Ta voix, ange de poésie,

Jusqu’à moi descendit du ciel.

 

Soudain je sentis dans mon âme,

Bon ange, renaître l’espoir,

Et mon cœur retrouva sa flamme,

El mon ciel me parut moins noir.

 

Oui, c’est elle, la muse sainte,

Qui pour consoler vient du ciel,

Et dans notre coupe d’absinthe

Verse quelques atomes de miel.

 

Qu’importe l’ironie amère

Qui m’insulte sur le chemin ?

Maintenant dans la lutte austère

Une sœur me tendra la main.

 

 

 

I.-A. MASSÉ.

 

Paru dans La France littéraire, artistique, scientifique en 1859.

 

 

 

 

 

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