Le petit cercueil
Tout blanc et tout drapé de langes,
Pur comme le berceau des anges,
Comme le lit d’un Ariel,
Il est allé dans ce mystère
Que l’homme cache dans la terre,
Que Dieu dévoile dans le ciel.
Il contient ton corps, Marguerite ;
Ton bon petit cœur, ma petite ;
Tes lèvres roses qui riaient.
Hélas ! il contient à cette heure
Un trésor que ta mère pleure,
Que d’autres mères enviaient !
Il est allé, par un jour sombre,
Prendre sa place au sein de l’ombre,
Dans cet asile où sont les morts,
Où toute chose est attendue,
Où toute chose est confondue :
Sagesse, innocence, remords !
Mais là n’est pas notre refuge.
Ce n’est pas là qu’est notre juge ;
Là son œil ne pénètre pas ;
Sa voix ne s’y fait pas entendre ;
La chair y devient de la cendre :
La tombe est la nuit du trépas !
Ce n’est pas là qu’est ta pensée,
Ni ton âme de trépassée.
Non !... la tombe, ce gouffre obscur,
Ne reflète pas les étoiles.
Elle n’a gardé que tes voiles :
Ton âme blanche est dans l’azur !
Et sa blancheur immaculée
Brille sur la voûte étoilée.
Déjà ton âme est un rayon.
Ah ! ce qui reste au cimetière
N’est plus qu’une froide matière !
Plus qu’une vaine illusion !
Ton petit cercueil est lui-même
Une énigme dans ce problème
Qui fut le but ou le moyen :
Il va perdre sa robe blanche,
Puis redevenir une planche,
Puis de la poussière... et puis... rien !
Mais toi tu vas grandir encore !
Mais toi qui fus moins qu’une aurore,
Une aube, en l’horizon vermeil !
Tu vas, ayant ouvert tes ailes,
Voler et monter avec elles :
Tu vas devenir un soleil !
Oh ! dis-le tout bas à ton père !
À ta mère, afin qu’elle espère !
Dis : – « L’enfant qui meurt est béni !...
Hélas ! dans l’humaine demeure,
Vous ne m’aviez donné qu’une heure !
Mais Dieu m’a donné l’Infini ! »
Mme A. PENQUER.
Recueilli dans Poésies de l’Académie
des muses santones, 11e volume, 1888.