Fleurs de Jésus

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Émile BLÉMONT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Enfant Jésus dans l’étable. Il est couché sur un lit de foin, entre le bœuf et l’âne, le petit Jésus doux comme le miel. Marie veille auprès de la crèche. Joseph, debout, les mains jointes, adore et prie. Le bœuf dit :

– Meuh ! meuh ! c’est un jour fameux !

Et l’âne dit :

– Qu’il est beau, le petit enfant ! Hihan ! hihan !

La nuit vient. Au dehors, il vente, il neige, il gèle. Au dedans, tout rayonne. Les trois rois de Saba viennent d’entrer, vêtus de soie et de velours, couronnés de pierreries. Balthazar porte l’or, Melchior la myrrhe, Gaspard l’encens.

D’autre part, sont arrivés les pasteurs. Pellion offre ses pipeaux. Ysambert présente un calendrier de bois, pour savoir les jours et les mois. Aloris agite une hochette qui fait : « Clic ! clac ! » à l’oreille ; quand l’enfant pleurera, la hochette l’apaisera.

Derrière les pasteurs, craintive, curieuse, extasiée, se hausse, sur la pointe de ses pieds nus, une fillette aux yeux bleus, la petite bergère Madelon. Comme elle aime l’Enfant Jésus ! comme elle l’embrasserait volontiers ! Et quels grands cadeaux elle voudrait lui apporter ! Mais elle n’a rien de rien, la pauvrette. Ses mains gercées sont vides. Désolée de sa misère, elle pleure.

Alors, la voyant si douloureuse, l’ange Gabriel descend des cieux vers elle :

– Petite bergère, que veux-tu ?

– Hélas ! je ne sais pas.

– Pourquoi donc pleurer ainsi ?

– Je voudrais donner à l’Enfant Jésus, et je n’ai rien.

– Que voudrais-tu lui donner ?

– Hélas ! les pasteurs et les rois lui ont tout apporté.

– N’ont-ils rien oublié ? Cherche bien !

– Si je pouvais seulement lui offrir des roses ! Il n’a pas reçu une seule fleur, le mignon. Mais il gèle, il neige, et le printemps est loin !

L’ange Gabriel prend Madelon par la main. Ils sortent. Une clarté flotte autour d’eux. L’ange frappe le sol du bout de sa baguette. Et la terre se couvre de gentilles fleurettes, d’humbles églantines tendres et délicieuses.

La petite bergère Madelon put embrasser l’Enfant Jésus. Noël eut, désormais, des roses.

Et c’est ainsi que s’est transmise jusqu’à nous la très authentique légende des Roses de Noël.

 

 

Émile BLÉMONT.

 

Paru dans les Annales politiques et littéraires

en janvier 1907.

 

 

 

 

 

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