L’enfant

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

IGNOTUS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La nourrice demanda à sortir, elle aussi, pour la messe de minuit ; il n’était guère possible de lui refuser. Bébé est déjà un grand gaillard, pensez donc : cinq mois et demi ; dans la journée, il reste bien deux ou trois heures tranquille et, la nuit, bien que ses dents percent, d’ordinaire il ne fait qu’un somme jusqu’à la pointe du jour. En effet, vers les dix heures, après un copieux repas, il s’endormit comme un loir. Adieu ! chère nourrice, priez la Sainte Vierge d’intercéder auprès de son Saint Fils pour votre petite Ilonka ; mais n’oubliez pas cependant notre petit garçon, et soyez rentrée à une heure et demie.

J’éteignis la lampe, une profonde obscurité descendit sur la chambre à coucher. Le silence nocturne nous enveloppait. C’est aussi Noël pour les tramways électriques ; ils se reposent ; aucun chariot ne fait trembler les vitres de l’immense maison de rapport que j’habite. Nous sommes trois dans la chambre ; si le petit ne compte pas encore pour une grande personne, mettons : deux et demie. À droite et à gauche, le bruit de deux souffles calmes et réguliers me bercent, le souffle de deux créatures faibles, confiantes, pour lesquelles je suis « la force ». La « force » et la « puissance » : la sécurité et la sauvegarde. Et moi, ce fort, ce puissant, je me tourne et retourne sur ma couche, en proie à l’insomnie, comme tant d’autres nuits interminables. Je me frappe la poitrine, comme chaque fois que l’obscurité et la solitude me pénètrent, et je me demande : est-ce que vraiment j’existe ; est-ce bien moi qui suis moi ; cette réalité n’est-elle pas un mirage ?

... Qui saura dire quand le son des cloches arrive aux oreilles de l’habitant de la grande ville ? À la campagne, sur le Danube, je n’ai qu’à consulter ma montre pour m’assurer que je les entends juste au moment où on les met en branle. À Venise aussi, dans cet empire du silence, elles n’ont nul besoin d’insister, comme la marchande de fleurs, pour que je les remarque. Ici cependant, dans la ville du bruit, il se passe des jours entiers avant que je ne pense : tiens ! mais il y a bien quatre jours que je n’ai entendu aucun carillon. Parfois leurs flots d’harmonie me surprennent, tel un enfant qui se réveillerait dans la petite auge qui lui sert de berceau, au milieu des flots d’une inondation. D’autres fois, à midi, en plein travail, la voix en sol du bourdon sonore m’inonde tout à coup, du côté de la fenêtre, comme des flots d’or : et si je ferme les yeux en me renversant sur ma chaise, je perçois nettement sa couleur d’’airain fondu, je sens même sa chaleur se répandre sur mon visage et mes mains. En cet instant, minuit sonne et comme un rayon de lune, réchauffé près des feux épars dans la nuit des champs, un carillon argentin et doux emplit subitement la chambre. Je crois que j’allais m’endormir.

Mais il n’y faut plus penser. Le diable m’emporte, si ce n’est pas mon petit gaillard qui vient de remuer. C’est ça... c’est bien ça, il est réveillé. Il fait entendre quelques sons inarticulés ; il fait glouglou comme une bouteille qu’on vide. Puis il commence à jouer de la trompe comme un jeune éléphant. Il ne pleure pas, ne sachant pas encore s’il y aura lieu d’employer ce dernier atout. En tout cas il signale qu’il existe et qu’il n’est nullement un personnage négligeable.

Je souris involontairement même dans les ténèbres. Il est possible que je ne sois qu’un songe, il est possible que le monde ne soit qu’un mirage, il se peut même qu’il n’y ait aucune possibilité que tout cela soit. Mais que ce petit coquin existe et existe bien, cela c’est aussi sûr que deux et deux font quatre. Je reconnais que c’est un argument barbare et anti-scientifique, comme celui de ce savant de l’antiquité qui, pour prouver à un de ses collègues, qui prétendait le contraire, que le mouvement existe, se mit à marcher de long en large dans sa chambre. Il est certain que tout cela n’est que futilité ; dans l’infini ces différences ne sont rien, elles n’existent que pour notre esprit borné. Il est même certain que la différence qui fait d’un être une femme et d’un autre être un homme, n’est qu’une nuance sans importance dans la nature. Et ce brave bonhomme de médecin, qui avait prédit un garçon, eut bien raison de s’écrier, en se frottant joyeusement les mains, quand le père lui présenta d’un air de reproche une petite fille : « Eh bien ! vous voyez je ne m’étais pas trompé de « beaucoup »... Cependant pour le moment il serait désirable que cette nuance sans importance dépendît un peu de moi. Si, par exemple, je pouvais allaiter ce petit coquin, dans cinq minutes il dormirait et ne réveillerait pas tout l’univers.

Ne soyons pas injuste cependant. En réalité ce petit être, lui non plus, ne désire autre chose que de voir ses craintes se dissiper. L’obscurité est, pour lui aussi, pleine d’incertitude, d’appuis qu’il cherche vainement, de précipices sans fond, et la peur – cette tare de l’état conscient – s’empare de son petit cœur craintif. À peine eus-je tourné le commutateur électrique, que de derrière la barre de cuivre de son petit lit, il se tourna vivement vers l’ampoule lumineuse ; je me précipitai aussitôt, et passant ma main sur sa petite brassière, je sentis son cœur qui battait encore avec violence ; une grosse larme perlait le long de son petit nez, il était bouche bée et ses yeux grands ouverts fixaient la lumière rassurante. Doucement je m’empare de ses petits doigts qui ressemblent à des vers à soie, en murmurant son nom à mi-voix. Il me regarde et rit, les gencives vierges de dents, d’un rire silencieux, niais et charmant tout à la fois. Il m’a reconnu et il m’aime.

Je regarde sa mère et mes regards se dressent – osé-je le dire ? – sur la pointe des pieds. Pauvre chère, je ne voudrais pas qu’elle se réveille. Depuis que notre petit gaillard est au monde, c’est si rare qu’elle puisse dormir tranquillement. En ce moment même, je vois à son sourire qu’elle rêve de notre petit homme. Quelques mèches de ses cheveux bleu-noir, au reflet d’acier bruni, semblent se cramponner à son front de marbre légèrement ambré. Les sculpteurs de nos jours ont bien raison de faire leurs statues de toutes sortes de marbre, de métaux et de cristaux. Ils surpassent ainsi la nature. D’ailleurs le petit ne ressemble pas à sa mère : il est bien de ma race de cosaque blond au nez camard. J’endosse mon grand manteau, et me penchant au-dessus du filet, j’enlève mon petit gaillard de son lit et je l’emporte, en prenant des précautions, dans la salle à manger.

J’éteins la lampe de la chambre à coucher et j’allume l’autre. Le poêle est encore chaud : le petit garçon se pelotonne machinalement sur mon bras. Mon bras gauche et lui sont de vieux amis, ils se connaissent depuis longtemps. Avec ses petites jambes nues jusqu’aux genoux et qui s’échappent d’une grotesque culotte de langes, il est assis sur mon bras replié, la tête contre mon épaule, comme un petit bosniaque vêtu de blanc. Les boutons de mon manteau sont pour lui de vieilles connaissances ; il les connaît chacun séparément, il joue avec, s’y accroche, et empoigne des deux mains, comme une échelle, la poche de mon manteau. Comme je le soutiens sous l’aisselle gauche, il se sent en sûreté, et parcourt tranquillement des yeux l’immense pièce. Si sa nourrice le voyait, elle en serait jalouse : le petit Jésus n’était pas assis sur les genoux de sa mère bien-aimée avec plus de confiance que ce petit païen dans les bras de son mécréant de père.

Cependant les cloches ne tintent plus ; la messe est certainement commencée.

Tandis que je tiens cette petite créature entre mes bras, le doux parfum de ses blonds cheveux me pénètre ; j’arpente, à grands pas, la chambre, de long en large, plongé dans de profondes méditations. Quelles méditations ?

Cela, Dieu seul et moi pourrions le dire ; c’est notre secret. J’entends mon Dieu, à moi, celui que chaque être se forme à lui-même, celui qui, fidèle empreinte de notre vie, de notre destinée, de notre carrière, s’adapte à notre individualité. La vie, comme l’univers, est uniforme et unique. Les forces de la nature dominent avec la même puissance et la même pression chaque individu, comme le conformateur à baleines que le chapelier pose sur les crânes, et si l’ellipse de chapeau de notre vie n’est pas la même pour chacun, c’est que le calibre de notre crâne varie aussi. La destinée pénètre au fond des vallées, mais elle reste en panne sur les hauteurs ; elle triomphe des défauts, mais elle s’aplatit contre les saillies solides. Que Dieu te garde, mon petit homme, et surtout n’aie pas lieu de te repentir un jour d’être ce que tu es.

Cependant le cher petit commence à s’agiter, il s’empare de mon pouce et le suce avec énergie. Diantre ! je connais bien ce symptôme inquiétant ; il me rappelle les plus terribles quarante-huit heures de ma vie, lorsque le lait de sa première nourrice passa subitement ; la pauvre petite créature dépérissait à vue d’œil, et gémissait entre mes bras impuissants ; ce fut à cette époque qu’il s’empara, comme ce soir, de mon doigt, de mon nez et même de mes cheveux pour les sucer. Il n’y a plus de doutes : l’enfant a faim. Je consulte la pendule. Grand Dieu ! il n’est que minuit et quart, encore au moins une heure à attendre la nourrice. Si encore j’avais écouté le médecin, qui nous conseille toujours de donner à manger à l’enfant ; il est assez fort déjà, il mangerait volontiers. Seulement la nourrice ne veut pas en entendre parler ; elle défend le petit comme une tigresse. Elle est jalouse des aliments qui pourraient rendre son lait superflu, son lait béni, doux, honnête, dévoué, qui a si bien nourri notre cher petit ; il a de belles joues, bien roses, lui ; tandis qu’Ilonka, sa petite à elle, mourut presque de la diarrhée et de la coqueluche chez la paysanne de Nagykáta. Heureusement qu’elle s’est enfin décidée à mettre l’enfant chez ses parents, en Somogy, où elle expédie sans relâche les petites robes bleues et roses, et d’où elle reçoit chaque semaine une carte qui la rassure : « Chère Maman, si vous me voyiez à présent, vous ne me reconnaîtriez certainement pas ; j’ai déjà deux petites dents ; le matin, je mange un œuf à mon déjeuner, et je ne laisse pas une minute de tranquillité à ma grand’mère. » En toute conscience, je suis vraiment heureux que cela ait tourné ainsi, j’ai pleuré d’émotion – je n’ai pas honte de le dire – quand je vis cette pauvre Ilonka, amaigrie, le corps couvert de rougeurs et vouée à la mort. Ma femme aussi était sur le point de se sentir coupable : je la surpris souvent, quand elle se croyait seule, boutonnant et déboutonnant amèrement son corsage devant la glace, désespérée de ne pouvoir allaiter son cher petit agneau. Mais enfin, que faire ? Le bon Dieu qui sait tout lui comptera peut-être ses bonnes intentions...

Pour l’instant, tout cela n’a plus d’importance, l’essentiel, ou plutôt le hic, c’est que le petit homme a faim ; et même, j’y pense maintenant, nous avons dîné tôt ce soir, pour que les domestiques aient fini plus vite... et... mais, il me semble que le père aussi a faim.

Oh ! quant à cela, je veux dire, quant au père, il est facile d’arranger les choses. Dans le buffet, sous un couvercle, il y a la moitié d’un râble de lièvre ; sous une cloche, un morceau de fromage, puis des cornichons, des confitures, de la blanche brioche et du pain noir, toutes sortes de victuailles envoyées par nos parents à l’occasion des fêtes. Du lait, par exemple, je m’en souviens bien, il n’y en a pas une seule goutte dans toute la maison ; on a tout employé pour la bouillie de la nourrice ; c’est son mets préféré. Du diable, si je le regrette, mais... dois-je faire du thé ? Je crains que le petit n’en veuille point ; il est assez malin pour ne point goûter à ce clair brouet qui est cependant tout ce qui lui est permis. Si j’essayais de lui donner de l’eau ; l’essai n’est pas heureux, il la recrache avec dégoût. Que Dieu te conserve, fils de ton père, dans notre famille il n’y eut jamais de buveur d’eau ! Cependant le cher petit, de plus en plus décidé, cherche à attraper le verre, puis la cuillère, la fourchette, l’assiette, enfin tout ce qui lui paraît, dans sa sagesse subite, née de la faim, avoir quelque rapport avec la bonne chère.

Et puis, au fait, l’enfant est assez fort : c’est l’avis du médecin ; d’une main, je prends un morceau de lièvre, que je porte à ma bouche ; puis, posant la fourchette sur la table, je détache délicatement, avec le pouce et l’index, quelques parcelles de cette tendre viande et je lui en caresse les lèvres.

Le petit homme tressaille de nouveau : la viande a un goût piquant, salé, une saveur étrange, nouvelle pour lui. Il se recueille un instant, épie, puis, brusquement décidé, se met à sucer ses lèvres et à mâcher avec délices les quelques bribes de viande qui y adhèrent.

Cependant si je me trompais ? Eh bien, essayons encore une fois. Maintenant il n’hésite même plus ; il se met de suite à mâcher gravement, l’air affairé, comme s’il tétait. Lorsque, au troisième essai, j’hésite un peu, c’est lui qui de ses petits doigts malhabiles tâche de saisir la viande glissante de graisse.

Grand Dieu ! mon fils a mangé de la viande ; en cet instant même, il vient d’en avaler un petit morceau qui, il n’y a que quelques jours à peine, vivait, sentait et avait peur, très peur, dans les ténèbres de la nuit, comme lui. Oh ! que ses yeux brillent de plaisir et comme il se précipite sur le reste. Il se passe la langue sur les lèvres, de l’air d’un ruminant ; tout à coup, il regarde devant lui fixement et étend les bras comme pour saisir une proie ! Ce petit être qui jusqu’à ce jour vivait de lait, est devenu subitement carnassier, et c’est son père qui lui donne ce goût, qui l’habitue et l’élève ainsi et qui, on pourrait dire, lui met la viande toute mâchée dans la bouche ; la chaleur de leurs corps se confond, leurs faims animales ont la même cadence et ils se précipitent ensemble gloutonnement, et flairant et grinçant des dents, vers la proie convoitée... En grinçant des dents : cela me fait de nouveau sourire. Pauvre petit, qui n’a pas seulement une petite quenotte !

Mais plus tard, il aura des dents comme moi. J’installe mon fauteuil devant le buffet, je m’assieds, le petit sur les genoux, et je me mets à examiner ses traits. Il balbutie et voudrait bien manger ; c’est étonnant comme il me ressemble, je crois me voir dans un miroir concave. Ce petit visage évoque en moi de vagues réminiscences, très anciennes, de vies vécues avant la mienne. En réalité, ce n’est pas mon visage à moi, mais celui de mon grand-père maternel ; celui d’un petit homme blond, rondelet, que j’aimais beaucoup, que je vois toujours avec ses soixante ans, et dont certains traits parfois surgissent subitement en moi d’une manière étrange. Et cette petite créature en est l’image frappante, de lui et de ses fils, mes pauvres et malheureux oncles. Il y eut parmi eux des faibles, des bons, des intelligents, des fous, des heureux et de vrais naufragés de la vie. Et moi, le cœur palpitant, j’examine les traits de mon enfant, en me demandant : auquel ressemble-t-il le plus ? Auquel la destinée l’a-t-elle attaché ?

Je le fais goûter tour à tour par morceaux microscopiques au lièvre, à la brioche, à notre cher pain noir, aux fruits de notre vigne et même, fortement additionnée d’eau, il est vrai, à notre eau-de-vie de prunes, dont je lui fais du bout de la cuillère tomber quelques gouttes dans la bouche. Tout est à son goût, il revendique ses droits sur tout ; en animal qui a faim, en homme qui choisit, il ressemble à tous, à son père, à ses arrière-grands-pères, à ses oncles, à tous ceux qui ont été nourris de ce pain, de ces fruits, qui ont bu de cette eau-de-vie, qui ont consommé de cette brioche, sinon de celle-là même, du moins de la même espèce, là-bas, dans les plaines, au pays du sable mouvant des déserts, sur les rives du Danube comme sur celles du Tanaïs. Comme en un éclair, je vois passer notre vigne devant mes yeux. Quel temps peut-il bien faire maintenant là-bas ? Le sable doit être pénétré d’humidité, le brouillard s’épaissit autour des vignes couvertes de givre, et les frères de ce pauvre lièvre courent hors d’haleine par la nuit épouvantable. Les bestiaux sont à l’étable ; dorment-ils ? ruminent-ils ? Le berger lui-même n’en sait rien. Cependant berger et bestiaux sont heureux que l’hiver soit arrivé ; l’hiver est pour ceux-ci la saison du bon fourrage, tandis qu’en été les pauvres bêtes, accablées de chaleur, doivent parcourir des lieues, en enfonçant dans le sable brûlant, avant de trouver au tronc à moitié desséché d’un peuplier isolé quelques maigres pousses. Est-ce la peine de vivre ainsi ? Le berger, lui, n’a pas le temps de se le demander, car son enfant pleure de l’autre côté, dans la ferme et, pour lui, il faut vivre. Et cet enfant a à peine le temps de méditer sur la vie qu’il lui faut déjà, à son tour, vivre pour son enfant à lui. La vache aussi vit pour son veau, qui vêlera lui-même un jour ; et des peut-être, des pourquoi, des parce que, des Dieu sait, et de tous ces cailloux dispersés, il se forme un tout constant : en haut le ciel gris, en bas le sable jaune. Quand moi, homme, j’en viens à être dégoûté de la vie, j’ai déjà quelqu’un qui m’empêche de la quitter, et qui s’engage à son insu à continuer de porter la croix de ma destinée, et qui m’en fait, par la douceur de vivre pour lui, oublier le lourd fardeau. Ainsi nos traits, nos sentiments, notre origine, nos caractères se transmettent de l’aïeul au petit-fils de l’oncle au neveu, et chaque nouvelle génération, en relevant la précédente, met fin à son expiation...

Je sursaute. De la rue montent jusqu’à moi un murmure de voix, le piétinement des passants. Mon petit garçon s’est endormi entre mes bras, appuyé tendrement contre mon sein. Il est une heure passée. Les gens reviennent sans doute de la messe. Ils viennent du plus touchant des dieux, de l’Enfant-Dieu, du Rédempteur éternel.

 

 

IGNOTUS, L’enfant.

 

Paru dans la Revue de Hongrie en juin 1909.

 

 

 

 

 

www.biblisem.net